Pierre Kefer, Photographie : Directed by Jean Epstein. On se rappellera également le mouvement qui suit en travelling arrière le cortège qui emporte le cercueil de Madeline, avec la caméra placée au ras du sol qui suit les efforts des porteurs. La photogénie de l'image fixe n'intéresse donc que peu Epstein, ce qui lui importe c'est la photogénie du mouvement. Il faut cependant dire que ces classifications qui tendent à cloisonner les artistes sont surtout affaire de critiques et de spécialistes et que des cinéastes comme Dulac ou Clair qui passent d'un cercle et à un autre ne le font pas par opportunisme ou par mode, mais bien parce qu'ils évoluent dans leurs pratiques du cinéma. La chute de la maison Usher Edgar Allan Poe. Celui-ci fourmille de mille idées de cinéma, véritable apothéose des recherches d'Epstein sur l'écriture cinématographique. Un nouvelle perspective, purement psychologique, est obtenue » (« L'Âme au ralenti », Paris-Midi-Ciné, mai 1928). Il ne faut surtout pas lâcher la bride aux images au risque de se laisser emporter par elles... L'intérêt du cinéma n'est pas pour Epstein dans les images, mais dans la manière dont elles se succèdent d'où bien évidemment l'importance primordiale du travail de montage dans son travail de cinéaste. Évoquées à l'écran, synthétiques, supérieures en puissance et en durée, ont approché l'âme du visible et de l'audible, ont révélé tantôt les apparences de l'esprit, tantôt l'esprit des apparences, ont réduit la différence entre l'esprit et la matière à une limite de nos sens qui séparent tout aussi arbitrairement le froid du chaud, les ténèbres de la lumière, le futur du passé. Pour beaucoup, la perception du mouvement au cinéma se fait par le défilement d'images fixes. C'est un adepte des jeux de lumière, des déformations, des surimpressions, des perspectives faussées... mais à condition que tout cet art de la représentation soit en accord avec les psychologies à recréer et non de simples prouesses artistiques et techniques. Fernand Osché, Création des décors : Adapted from Edgar Allan Poe's Fall of the House of Usher, director Jean Epstein studiously avoids cheap shocks in this tale of hereditary madness, choosing instead a tightly controlled, spookily subtle technique. La fissure est ce qui sépare la maison entière après leur mort, et ce qui amène la maison elle-même à s'effondrer dans le tarn. Ainsi, lorsqu'il utilise des plans subjectifs, ils nous fait passer d'un personnage à un autre sans qu'il y ait de transition cohérente, le changement de point de vue troublant alors notre perception de l'espace et de ce qui s'y déroule. You can download the paper by clicking the button above. Le film devient une hypnotique danse contre le temps, Epstein opposant au temps réel un temps purement cinématographique. Films Jean Epstein, Recommandé parArnaud Desplechin, Damien Chazelle, Akira Kurosawa. Charles Lamy, " La Chute de la Maison d'Usher "et la Théorie du Conte de Poe". Pour lui, il il y a d'abord la capacité de la machine cinéma à nous donner une autre vision du monde : « Dans l'enchantement qui attache le regard au ralenti d'un coureur s'envolant à chaque foulée ou à l'accéléré d'une herbe se gonflant en chêne ; dans des images que l'oeil ne sait former ni si grandes, ni si proches, ni si durables, ni si fugaces, on découvre l'essence du mystère cinématographique, le secret de la machine à hypnose : une nouvelle connaissance, un nouvel amour, une nouvelle possession du monde par les yeux » (Le livre d'or du cinéma français, 1947). De fait, au-delà des expérimentations formelles, Epstein est toujours à la recherche de l'épure, de la simplicité. brouille constamment nos repères. Commentaire de texte de 7 pages en littérature : Edgar Allan Poe, La chute de la Maison Usher, Incipit. «, Un aspect est photogénique s'il se déplace et varie simultanément dans l'espace et le temps. 14 (2): 137-144. « Un aspect est photogénique s'il se déplace et varie simultanément dans l'espace et le temps » (conférence du 1er décembre 1923) ou, en renversant le paradigme : « La Loi fondamentale de toute l'esthétique et de toute la dramaturgie cinématographique est la photogénie du mouvement ». Ce document a été mis à jour le 13/04/2015 Cette séquence de « La Chute de la maison Usher » occupe la place centrale du film. Lorsqu'il pense au cinéma en couleur, au son, il imagine là encore le mouvement partout : « qu'il s'agisse du cinématographe en relief, nous découvrirons le mystère du relief ; la géométrie descriptive sera concrète. Chef-d'œuvre du cinéma muet et film le plus célèbre du génial (mais méconnu) Jean Epstein, 'La Chute de la maison Usher' demeure l'un des tout premiers monuments du cinéma fantastique. Ce qu'il reproche aux cinéastes surréalistes, alors qu'au départ ce mouvement attire son attention, c'est qu'ils forcent le fantastique en détournant les objets de leurs usages et de leur sens communs. Dernier descendant d'une vieille famille aristocratique, il vit isolé du monde avec sa compagne Lady Madeline et un médecin chargé de veiller sur la santé vacillante de son épouse. Tout le film ainsi légèrement ralenti possède un aspect fantastique naturel qui naît de ce léger décalage avec notre perception habituelle du monde. La vie et la mort ont la même substance, la même fragilité. Freud, Benjamin e l’inconscio ottico, in «L’inconscio. Jean Epstein 1946-1953. Mais quand surgit l'instrumentation qui aiguise un sens ou l'autre, la frontière que nous croyions entre la vie et la mort se déplace et nous découvrons qu'elle n'existe guère » (« Photogénie de l'impondérable », Corymbe nov 1934). Pour un meilleur confort de lecture, je vous conseille de lire ce livre en plein Øcran [CTRL] + L ... de cette sorte, et que l’analyse de cette puissance gît dans des considØrations oø nous perdrions pied. Les transitions sont également un sujet de réflexion constant, le récit cinématographique résidant dans le rapport que les images entretiennent entre elles. Il y a ce m. Photogénie allows for the relapsing of … Roderick le reçoit avec grande joie, peinant cependant à cacher sa fébrilité. To browse Academia.edu and the wider internet faster and more securely, please take a few seconds to upgrade your browser. Extrait de "La Chute de la Maison Usher" de Jean Epstein (1928) A partire dal contesto culturale in cui l'opera è nata e da un profilo del cineasta, esamina l'intrecciarsi di teoria e pratica del cinema attraverso alcune figure: architetture, ritratti, specchi, metamorfosi. Il mêle d'ailleurs ici plusieurs éléments issus d'autres nouvelles de l'écrivain comme Le Portrait ovale. Hiver 1840. Son cœur est un luth suspendu ; ... en vue de la mélancolique maison Usher1. The hero, having indirectly caused the death of his beloved, stubbornly tries to … On peut encadrer une seconde de couchant, mais on pourra faire durer une heure la dernière, tout à fait la dernière flamme du soleil » (conférence décembre1930). Luc Dartagnan, Et tout aspect qui n'est pas majoré par la reproduction cinématographique n'est pas photogénique, ne fait pas partie de l'art cinématographique ». AKA: The Fall of the House of Usher. With Jean Debucourt, Marguerite Gance, Charles Lamy, Fournez-Goffard. Seulement, en 1928, ses recherches esthétiques ne sont suivies que par un nombre très restreint d'admirateurs et de curieux qui assistent aux rares séances qui ont lieu dans les quelques salles spécialisées des grandes villes. De fait, ce qui marque peut-être le plus dans ce film, c'est cet usage des ralentis qui sert à intensifier chaque scène, chaque mouvement, chaque geste et expression des acteurs. L'espace lui même est contrarié et il est impossible de faire une topologie des lieux, un plan de la maison : les raccords ne sont pas cohérents et l'on est très vite désorienté par cette absence de repères géographiques. On serait bien en peine de relever toutes les inventions du film. Qui n'a vu des rouges et des jaunes ? Comme toujours dans ses adaptations littéraires, Epstein s'intéresse plus à retranscrire l'atmosphère, l'ambiance du récit qu'à en respecter la trame. Il aura plus tard des mots très durs contre le surréalisme, mais dès février 1927 il écrit un article dan, où il égratigne en passant aussi bien le dadaïsme que Man Ray, Eggeling et Richter. Mais de tout temps, cinéphiles et critiques aiment que chacun soit bien dans sa case afin que les querelles aillent bon train entre défenseurs d'une doctrine et d'une autre. L’invité ne tarde pas à s’apercevoir que l’œuvre de son ami est la cause principale des maux de son modèle : plus le tableau prend vie, plus Lady Madeleine sent la sienne se détériorer. Il s'intéresse à plusieurs des aspects du mouvement, mais regrette que tout le fantastique soit déjà préparé avant même d'être filmé et que les cinéastes n'utilisent pas les caractéristiques propres de la machine cinéma pour le faire émerger. La rupture est plus profonde et correspond vraiment à la vision qu'il a du cinéma et qui n'est pas compatible avec ce type de propositions extrêmes. Rivista italiana di Filosofia e Psicoanalisi», 2017, 3, pp. La Chute de la maison Usher is een Franse stomme horrorfilm uit 1928 van Jean Epstein. Fournez-Goffard, Quelques secondes pourraient ici durer une éternité, le rythme du film épousant celui mental des personnages et non celui de la temporalité universelle. Seulement, en 1928, ses recherches esthétiques ne sont suivies que par un nombre très restreint d'admirateurs et de curieux qui assistent aux rares séances qui ont lieu dans les quelques salles spécialisées des grandes villes. Enter the email address you signed up with and we'll email you a reset link. La Chute de la maison Usher est l'adaptation d'une nouvelle d'Edgar Poe.. Appelé par Lord Roderick Usher, inquiet de la santé de sa femme, avec laquelle il vit dans une maison perdue au milieu des étangs, un de ses amis se rend dans ce lieu chargé d'angoisse et d'énigmes. La Chute de la maison Usher est une nouvelle fantastique publiée pour la première en 1839 dans Burton’s Gentleman’s Magazine, une revue littéraire américaine à laquelle Edgar Poe contribua pendant plusieurs années, notamment en tant que rédacteur en chef.Elle paraîtra ensuite au sein d’un recueil de nouvelles intitulé Nouvelles Histoires extraordinaires. C'est sa singularité, son essence. Contrairement à la nouvelle de Poe, dans le film d'Epstein, Philip rend visite à Roderick, peintre fou de sa femme ou de son image (pas de sœur ni d'inceste). Mouvement des choses dans l'espace et dans le temps, le cinéma pouvant enregistrer les deux comme aucun autre art ne peut le faire. Surtout, il sent bien qu'il n'est plus au goût du jour, que son cinéma n'intéresse plus et qu'il est temps pour lui de voguer vers de nouveaux horizons. Verhaal Lord Roderick Usher is bezorgt om de gezondheid van zijn vrouw Madeleine, die permanent wordt vergezeld door haar dokter. Et on entend vraiment cette mélopée muette uniquement par le découpage et la juxtaposition des plans. On serait bien en peine de relever toutes les inventions du film. ARTE nous permet de revoir ou de découvrir La Chute de la maison Usher (1928) de Jean Epstein dans une belle version récemment restaurée et mise en musique, dans le cadre du rendez-vous mensuel autour du cinéma muet, ce soir à 23h50.. Epstein adapte fidèlement la nouvelle d’Edgar Allan Poe. Sorry, preview is currently unavailable. Un ralenti qui « désanime et dévitalise les êtres » tout comme le tableau de Roderick qui vide Madeline de sa vie. La chute de la maison Usher subtitles. Epstein brouille constamment nos repères. Et ce monde qui nous est donné à voir, ce n'est pas seulement la nature qui dévoilerait soudainement ses mystères, mais également un monde humain, un monde psychologique qui nous serait désormais rendu accessible : « L'œil et l'oreille du cinématographe commençant à explorer le monde, nous montrent déjà que le mouvement, que la vie y sont rigoureusement universels. Puis Roderick guette les bruits au seuil du tombeau, comme nous guettons à la porte d'une chambre qu'un hôte nocturne et fatigué s'éveille » (« Quelques notes sur Edgar Poe et les images douées de vie », Photo-Ciné avril 1928)... (1) Cette caméra collée au visage tandis que le personnage se déplace (figure qui fait penser à Aronofsky (Pi) ou Schizophrenia de Gerald Kargl) laisse songeur quant à l'exploit technique à une époque où les caméras pesaient des tonnes ! Comme la vie soudain se rompt, ainsi la mort se défait. Pour Esptein, la spécificité du cinéma, sa matrice, sa matière première c'est le mouvement, son enregistrement et sa restitution par la machine. Il y a ce montage musical fantastique avec Roderick qui pince les cordes de sa guitare et des plans sur la mer, une forêt, un lac et une colline qui se suivent, images sans lien avec le récit qui sont là pour incarner visuellement les ondes acoustiques, représentation des humeurs et du rythme de la mélodie. Les références Lectures complémentaires . Madeleine et Roderick sentent qu'ils vont mourir comme nous sentons le sommeil nous gagner. La Chute de la Maison Usher (Jean Epstein, 1928) La Chute de la Maison Usher (Jean Epstein, 1928) The division and multiplication of gestures in this poem “about” photogénie indicates the cinema’s ability to render events both through suggestion (“half-gestures”), much as a poem might (“half phrases”), and through repetition. Un homme part au secours de son ami Roderick Usher, alerté par une lettre alarmiste de … Comme il le précise dans le générique - « d'après les motifs d'Edgar Allan Poe » - il n'adapte pas littéralement le texte mais travaille à partir des souvenirs qu'il en a. Ce qui compte pour lui, c'est transmettre l'empreinte laissée en lui par le roman ou la nouvelle et non à suivre précisément sa trame narrative. La Chute de la maison Usher façon Epstein écorche et éviscère l’univers romantique qui sert de cadre à son récit. Les surimpressions, les ralentis, les longues perspectives, y ouvrent une… On nous y raconte la mort de Madeleine mais également comment Roderick sombre dans la folie. La chute de la maison actuelle est aussi la fin de la ligne de la famille Usher. Il s'attache à ce que le spectateur n'ait pas plusieurs interprétations possibles car pour lui il faut que l’œuvre n'ait qu'un seul sens, qu'elle ne porte qu'une vision, qu'un discours. Epstein travaille très précisément sur la durée des plans, essayant même de tirer des règles mathématiques de ses expériences de cinéaste (sans grand succès il faut l'avouer...). The Fall of the House of Usher (French: La Chute de la maison Usher) is a 1928 French horror film directed by Jean Epstein, one of multiple films based on the Gothic short story The Fall of the House of Usher by Edgar Allan Poe.Future director Luis Buñuel co-wrote the screenplay with Epstein, his second film credit, having previously worked as assistant director on Epstein… Toute cette réflexion qu'Epstein propose sur des formes antérieures n’intéresse plus vraiment les cinéphiles avides de nouveautés qui commencent à juger son travail archaïque et dépassé. Il s'intéresse à plusieurs des aspects du mouvement, mais regrette que tout le fantastique soit déjà préparé avant même d'être filmé et que les cinéastes n'utilisent pas les caractéristiques propres de la machine cinéma pour le faire émerger. Il aura plus tard des mots très durs contre le surréalisme, mais dès février 1927 il écrit un article dan Photo-Ciné où il égratigne en passant aussi bien le dadaïsme que Man Ray, Eggeling et Richter. Allan finit par comprendre que c'est en fait le tableau qui absorbe les forces vives de Madeline et qu'elle se meurt un peu plus à chaque nouveau coup de pinceau... Avec ses deux précédentes réalisations (Six et demi, onze et La Glace à trois faces), Epstein a pu enfin se livrer à des expériences cinématographiques correspondant à sa vision du 7ème art. « Je ne connais rien d'absolument plus émouvant qu'au ralenti un visage se délivrant d'une expression. Car c'est la dramaturgie, l'âme elle-même du film que ce procédé intéresse ». Mais son rejet est encore plus profond. Allan est appelé par son ami Roderick Usher à le rejoindre dans sa vieille demeure familiale. Drame, Fantastique, Réalisé par : Il résumera ainsi sa démarche en 1947 : « Pour rendre un découpage bien compréhensible au spectateur, il importe d'abord de limiter rigoureusement l'image – qui a toujours tendance à dire tout et trop à la fois, l'utile et l'inutile – à ne montrer que ce qui est nécessaire et suffisant pour provoquer l'émotion souhaitée (…) ensuite, entre les plans, c'est avec la même stricte économie, qui deviendra clarté, qu'il y a lieu d'établir les liaisons syntaxiques en les rendant aussi univoques qu'il sera possible » (« Découpage – construction visuelle », La Technique cinématographique, mai 1947). Corman reprend quelques éléments de la nouvelle. Ce film est l'adaptation de la nouvelle éponyme d'Edgar Poe. On remarque également la caméra très en mouvement, comme les nombreux travellings arrière ou avant qui accompagnent Roderick, avec des cadres très serrés sur son visage ou sa nuque (1). Il ne veut pas être devant, derrière ou à côté du personnage mais en lui. Being an Epstein film, it is no surprise the visuals and atmosphere are going to be top shelf and some of the images in this film are just so striking and memorable. Et parmi ces outils que la machine utilise, il y a les modifications de la vitesse de défilement de la pellicule : « Tous deux, ralenti et accéléré, ont ainsi fait surgir à côté des trois mondes déjà plus ou moins connus – ceux de l'échelle humaine, de l'infiniment petit et de l'infiniment grand, un quatrième univers qui embrasse, d'ailleurs, les trois autres : celui de l'infiniment mobile, infiniment lent ou infiniment rapide et, sous l'acceptation psychologique de l'infiniment humain ». On pense bien sûr au célèbre œil tranché par Bunuel, mais la manière du cinéaste français se situe ailleurs, tirant sa singularité d’une force intérieure qui, progressivement, remonte à la surface. Qu'il s'agisse du cinématographe en couleurs, nous connaîtrons, pour la première fois, le mouvement des couleurs. Marguerite Gance, Disponible en replay sur la plateforme HENRI de la Cinémathèque Française jusqu’à la réouverture de l’établissement.