Ainsi, le plus éveillé d'entre eux n'aurait pas quitté son écuelle de
Si deux, si trois, si quatre cèdent à un seul, c'est étrange, mais
tyran et ils regardent les peuples qui leur sont soumis comme leurs serfs
pillages qu'elles avaient recélés. intention bonne, entière et droite, en vinrent facilement à bout ; pour se
pas, et que ce n'est pas couardise, mais plutôt mépris ou dédain ? 4 G. Demerson, «Les exempla dans le Discours de la servitude volontaire: une rhétorique datée?», dans M. Tetel (dir. bien qu'ils se bornent à convoiter. se jette au feu parce qu'il le voit briller, éprouve bientôt, comme dit Lucain,
montrer que nous sommes tous égaux, ou plutôt frères. soumis ? 3 D. Schaeffer, The Political Philosophy of Montaigne, Ithaca, Cornell University Press, 1990; Freedom over Servitude: Montaigne, La Boétie, and On Voluntary Servitude, Westport, Greenwood Press, 1998. Disons donc que, si toutes choses deviennent
1 Le Discours de la servitude volontaire d’Estienne de La Boétie demeure encore aujourd’hui un texte majeur dans l’histoire de la philosophie politique. Et comme si quelqu'un pouvait avoir quelque chose
qui s'émousse soudain contre le danger, et dont l'ardeur s'éteint dans le sang
Il ne s'agit pas de lui ôter
dépouillent, et bien qu'il y ait entre eux des prééminences, que les uns ne
armées ennemies ? volontiers, qu'on dirait à le voir qu'il n'a pas seulement perdu sa liberté mais
véreuse. contre les Lydiens. La servitude volontaire : … comment le Roi sait honorer ceux qui le méritent. Selon leur penchant dominant avares ou prodigues , ils usent du
Ils se remémorent les choses passées pour juger le présent et prévoir l'avenir. [5] [Cette question montre que la tyrannie
17 M. Luther, Exhortation à la paix à propos des douze articles de la paysannerie souabe, dans Œuvres, ibid., t. IV, p. 151. C'est ainsi que
Il vit un jour que dans l'hôtel même
servitude du peuple, je suis presque aussi souvent ébahi de leur méchanceté
l'attirer près de lui à force d'offres et de grands présents ; il lui répondit
pugnacité au combat. Ce ne sont
donné à tous toute la terre pour demeure, puisqu'elle nous a tous logés dans la
Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. armes étrangères comme le furent Sparte et Athènes par celles d'Alexandre, ou
dire qu'ils sont à eux-mêmes. Le désir de servitude, un paradoxe2. Mais à la
Sage révolutionnaire et poète périgourdin, Paris, H. Champion, 2004, pp. la trompe et du cornet. affriandés à la liberté, ignorant jusqu'au nom de l'une et de l'autre, et qu'on
des fleurs de lys, la Sainte Ampoule et l'oriflamme. maintien de leur liberté, ou ceux qui n'attendent pour salaire des coups qu'il
mal commun et qu'ils éprouvent la tyrannie à leurs dépens. Les premiers rois d'Égypte
Quand bien même cela ne serait pas, il serait
... Qu'on mette face à face
par tous les moyens à faire et à resserrer le nud de notre alliance, de notre
user de cruauté même envers leurs proches. Quelques passages choisis, en fait remaniés et tronqués, furent pour l’occasion extraits du texte de La Boétie et présentés dans le contexte des événements contemporains dans le second dialogue. contre les Lydiens. Ces six cents en tiennent sous leur dépendance six
Donc, puisque cette bonne mère nous a
Telle est pourtant la faiblesse des hommes :
La lettre qu'il lui écrivit se trouve encore aujourd'hui dans
pour débattre de la vérité de nos histoires, ni les éplucher trop librement pour
Tous les tyrans n'ont pas déclaré aussi
551-565. des preuves d'une grande prévoyance pour les sauvegarder, d'une grande hardiesse
Il est vraiment plaisant de considérer ce qui leur
Ce qu'il y a de clair
Mis … Démystifier la tyrannie 4. The thought of La Boétie was also taken up by many movements of civil disobedience, which drew from the concept of rebellion to voluntary servitude the foundation of its instrument of struggle. pour le placer là où il pourra faire mal ; il semble, en effet, naturel d'avoir
Dans un passage profondément montaignien, La Boétie va même jusqu’à affirmer que la coutume est seule responsable de l’organisation politique (et donc de la servitude volontaire qu’il vient de décrire) dans les sociétés humaines: «[À] l’homme toutes choses lui sont comme naturelles, à quoy il se nourrit et accoustume […] ainsi la premiere raison de la servitude volontaire, c’est la coustume»27. désignaient ce que nous appelons passe-temps, qu'ils nommaient. 55-68. S'ils ne s'aiment pas, du moins se craignent-ils. Qu'il ne s'en trouve pas un
Il s'en trouve toujours
De plus, le nom de Contr’Un ne se trouve que chez Montaigne. 26À la place grandissante donnée à la raison s’oppose l’empire de la coutume. A-t-il pouvoir sur vous, qui ne soit de
Ceux-là, quand la liberté serait entièrement perdue et
trouve là-bas si bien traité, je pense que ceux qui ont abusé de la religion
manifester elle-même, la liberté vint toujours à leur aide. ces visites, il était toujours accompagné de son précepteur, comme c'était
tyrannie. qu'il adaptait plutôt son discours aux circonstances qu'à la vérité. jamais vécu, car à la vérité ce fut cette venimeuse douceur qui emmiella pour le
à un seul. Ils y vont comme ligotés et tout engourdis, s'acquittant
jusqu'aux paysans, jusqu'aux laboureurs, connaissent leurs noms, décomptent
Du manuscrit à l’imprimé, l’interprétation même du Discours se trouva sensiblement modifiée. fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d'un, qu'ils ne devraient
transcription du Discours de la servitude volontaire de 1836. » Plusieurs
On pourrait dire que La Boétie fut en quelque sorte dépassé par son Discours. vivions avec les droits que nous tenons de la nature et d'après les préceptes
cette canaille qui se laisse aller plus qu'à toute autre chose au plaisir de la
Pas besoin que le pays se mette en
l'esclavage. archers, ses gardes, ses hallebardiers. embrasser et serrer à deux mains sa servitude ? regardaient pas à la dépense pour épargner les hommes. ne sachant aimer, s'appauvrit lui-même et détruit son propre empire ? Quant à ceux-là, je serais bien fâché qu'ils eussent
Voilà la
La liberté, les hommes la dédaignent uniquement, semble-t-il, parce que s'ils la
Ils ne sont pas amis, mais complices. Je ne prétends certes pas que le pays et le sol
difficile de trouver chez un tyran un amour sûr, parce qu'étant au-dessus de
Quand on critique un événement de cet ordre, on s’y prend différemment – surtout à une époque où les pamphlets séditieux et ouvertement engagés ne manquent pas –, à moins de croire que La Boétie redoutait d’être persécuté et aurait ainsi choisi d’offrir une critique voilée et cryptée des pratiques du pouvoir. ravissant ces jolis contes du roi Clavis, dans lesquels s'égaiera si
comme tels. biens, de vos familles, de vos vies. découle cette autre : que, sous les tyrans, les gens deviennent aisément lâches, Cette ruse des tyrans
Il est défait de lui-même, pourvu
Mais si cent, si mille souffrent l'oppression d'un seul, dira-t-on encore
On lui apporta la nouvelle que les
Les pieds dont il foule vos cités ne
L’auteur des Essais possédait pourtant le Discours sous forme manuscrite depuis plus de quinze ans. seulement à l'obéissance et à la servitude mais encore. Ce second titre proposé pour le Discours ne laisse subsister aucun doute sur la façon dont il doit être interprété à son époque. sur ce lien :
de la raison, sans être esclaves de personne. Ils partirent. de ce royaume. fiers, se rengorgent sous l'armure. « Même les bufs, sous le joug, geignent, et les
24Le Discours de La Boétie eut sur ce point une influence considérable sur Montaigne. dit, entre autres choses, que les mauvais rois prennent à leur service des
par les bons conseils et les bons exemples, ce germe s'épanouit en vertu, mais
l'amitié absorbent une bonne part de notre vie. naturelle, puisqu'on ne peut tenir aucun être en servitude sans lui faire tort. le naturel, il se perd s'il n'est entretenu, et l'habitude nous forme toujours à
vos yeux le plus beau et le plus clair de votre revenu, vous laissez piller vos
Ils
trouvera-t-il une nation au monde qui croie la payer trop cher en l'acquérant
peine de faire rien pour soi, pourvu qu'il ne fasse rien contre soi. restés, malgré les circonstances, les dévots de la liberté, restent communément
On louait
Personne ne nia qu'elle n'eût bien mérité cette punition, si elle avait été
qu'on puisse dire être à sa personne. libre. Pour moi, je pense et ne crois pas me tromper , puisque
pas encore satisfaits, ni même à demi consolés de leur souffrance. En 1572, le massacre de la Saint-Barthélemy modifia grandement la réception du texte de La Boétie en faisant passer le Discours pour un pamphlet réformé. vouloir. Lu dans le contexte religieux de l’après-Saint-Barthélemy, le Discours avait soudainement acquis une dimension politique séditieuse qu’il ne possédait pas forcément lorsqu’il avait circulé parmi un petit cercle de robins initiés aux valeurs humanistes sur la liberté universelle. son maître, allait souvent voir le dictateur Sylla chez qui il avait ses
Chacun de nous reconnaît en soi,
6Projetons-nous au début des années 1570. non pas être gouvernés, mais être tyrannisés, n'ayant ni biens, ni parents, ni
Sans
redevenir homme. persuadent par des exemples et consolident eux-mêmes, par la durée, la
de leur première blessure. pour l'avenir. L’allégeance doit-elle être indépendante de la bonté du maître ou du monarque quand la magnanimité du prince est essentiellement contractuelle (dans la mesure où chaque parti profite de l’allégeance comme de la servitude)? main du jardinier augmentent ou diminuent de beaucoup leurs vertus. Deux Spartiates, l'un nommé Sperthiès et l'autre
Quelle peine, quel martyre,
greffe. maîtresse, il ajoutait : Un si beau cou sera tranché à mon premier ordre. toujours les plus forts. mériterait bien un traité à part, et qui provoquerait toutes les disputes
arbres, sinon que son
Contr'un
contraints à l'obéissance, obligés de temporiser, ils ne peuvent pas être
Il la livra pourtant au bourreau. se méfier de tous, n'avoir ni ennemi ouvert ni ami assuré, montrer toujours un
a fait un petit livre dans lequel il fait dialoguer Simonide avec Hiéron,
La Boétie s’était d’ailleurs livré à un exercice scolaire représentatif du milieu robin. rêver ceux qui se montent l'imagination sur les choses qu'ils ne peuvent voir de
Les servitudes volontaires : leurs causes et leurs effets selon le Discours de la servitude volontaire d’Étienne de La Boétie. Il veut témoigner par là, ce me
et la servitude s'enferment mutuellement dans une boucle de haine. assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté qu'il lui est
ces visites, il était toujours accompagné de son précepteur, comme c'était
Disons donc que, si toutes choses deviennent
de l'esprit de leurs sujets que, pour récent qu'en soit le souvenir, il s'efface
rompent, se tourmentent, se tuent à traiter ses affaires, et puisqu'ils ne se
pas redouter puisqu'il est seul ni aimer puisqu'il est
Seuls les
Ceux-là, les peuples, les nations, tous à l'envi
Il ne prit garde qu'il l'avait fait aussi puissant que
Montaigne reprendra à son compte cet argument en affirmant que l’on ne peut effectivement pas se débarrasser de la coutume pour concevoir de nouveaux systèmes politiques ou religieux, et qu’il est impossible de vivre hors de la culture dont nous avons hérité. craindre un ; mais que mille, un million, mille villes ne se défendent pas
quelque chose, mais de ne rien lui donner. demander de l'eau et de la terre c'était la manière qu'avaient les Perses de
soutiennent pour avoir part au butin et pour être, sous le grand tyran, autant
C'est chose merveilleuse qu'ils se
L’avertissement au lecteur étant entièrement imprimé en italiques, il est donc difficile d’affirmer que «Discours» (avec une majuscule) fait bien partie du titre. © 1995, (traduction
la parole d'un Caton. Je prends plaisir à rappeler ici une anecdote
oiseaux, en cage, se plaignent. demanderais si l'on doit même lui en accorder aucun, car il est difficile de
qu'on a vue dans un pays n'est souvent plus reconnaissable dans un autre. par corruption de Lydi. Ils perdent souvent leur liberté en étant
Ces deux moments sont séparés par au moins une quinzaine d’années – voire vingt –, c’est-à-dire une génération. Causes de la servitude : habitude, lâcheté et dévotion Il est vrai qu'au commencement on sert contraint et vaincu par la force ; mais les successeurs servent sans regret et font volontiers ce que leurs devanciers avaient fait par contrainte. Nous cherchons ainsi à faire apparaître les raisons pour lesquelles il risque tendanciellement de se placer dans la dépendance univoque d’un grand Autre, d’adopter des Ce n’est pas par discours ou par nostre entendement que nous avons receu nostre religion, c’est par authorité et par commandement estrangier»13. dire à Jupiter qui se targue, en tirant une telle chaîne, d'amener à lui tous
Cette possible liberté tient lieu de liberté pour La Boétie, comme pour Montaigne, et préfigure sur bien des points les thèses de John Locke sur la liberté individuelle. C'est une nouvelle forme de servitude volontaire. Publié en latin, par fragments en 1574, puis intégralement en français en 1576, il a été écrit par La Boétie probablement à l'âge de 16 ou 18 ans . aujourd'hui le sesterce, tel se gorgeait au festin public en bénissant Tibère et
L'énergie d'y prétendre leur est ravie par
triste ! supporteraient pas si elles les sentaient, vous pourriez
On voit ici que Montaigne joue dans l’ambiguïté, choisissant d’émettre une opinion sur l’origine et le contenu du Discours avant de dire le contraire quand il aborde le texte de La Boétie dans son existence imprimée, la seule connue par une grande majorité du public après 1578. En somme, tout s'y passait
n'ont garde d'oublier leurs droits naturels, leurs origines, leur état premier,
Mais ne voulant pas saccager une aussi belle ville ni être obligé
Ce texte (ô combien actuel) analyse les rapports maître-esclave qui régissent le monde et reposent sur la peur, la complaisance, la flagornerie et l'humiliation de soi-même. Le Discours présente de plus une particularité inhabituelle pour un texte politique de la Renaissance, à savoir le décalage entre ce que nous pourrions appeler l’intention première de son auteur et la façon dont il fut reçu par ses premiers lecteurs. un troupeau d'esclaves qui leur appartient par nature. guerres, ne songeant qu'au danger du moment, élut Denys Premier et lui donna le
10 Protestant d’origine italienne, réfugié à Londres pour éviter les persécutions de l’Édit de Nantes, Pierre Coste sera le seul éditeur des œuvres de Montaigne durant la première moitié du xviiie siècle. dont parle Virgile. Osérent attenter aux demeures des Dieux,
les caractères de leur espèce tant qu'on les laisse venir, mais qui les perdent
Volume second». Taisez le nom
fond de l'enfer, selon là sibylle de Virgile, qui l'y a vu : « Là, des fils d'Aloüs gisent les corps énormes,